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Interview de Matthieu Malon : « Il n’y a quasiment plus de place pour les petits projets comme le mien »

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Le 19 mai dernier sortait Peut-être un jour, troisième album de Matthieu Malon « en français ». Ce disque puissant mélodiquement n’a rien d’un énième exercice introspectif et ténébreux. Perçu uniquement comme tel il perdrait beaucoup de son charme. Il n’est en rien le bilan-constat du quadra un peu trop talé. Mais ce n’est pas non plus un quant-à-soi. Puisque Matthieu livre à la fois une part intime de son existence et un regard lucide sur quelques-une des malfaçons qui font ce monde. Il faut donc fréquenter assidûment cette œuvre, lui réserver la place qu’elle mérite dans discothèque idéale de 2014. Elle pourra être soutenue par le nouvel EP qui sort dans quelques jours et que l’artiste a baptisé Une deuxième chance (chez monopsone). Faisons le point avec lui sur la vie de l’album et son devenir de musicien.
Photo : Stéphane Merveille.

La dernière fois que nous nous sommes vus nous avons parlé de la difficulté de faire vivre un disque une fois qu’il est sorti. Peux-tu nous décrire les écueils que tu as pu rencontrer depuis la sortie de Peut-être un jour ?

​Grosso modo, pour commencer plus personne n’achète de disques. La musique, sous un format physique, vit vraiment ses derniers instants. On verra toujours ça et là des cd, des vinyles, mais les ventes représentent une telle niche que je crois qu’on va voir beaucoup de formations s’arrêter prochainement, mais aussi des labels mettre la clé sous la porte.
Après, je n’ai pas de tourneur, je n’ai pas réussi à en trouver un avant la sortie du disque, donc j’ai très peu de dates. Le distributeur de l’album a eu énormément de mal à placer les disques auprès des magasins. j’ai donc très peu de places chez les disquaires. La presse française est devenue ce qu’elle est, il n’y a quasiment plus de place pour les petits projets comme le mien. j’ai donc très peu de chroniques.
Additionne tout ça, le résultat est simple: pas de date de concerts + pas de place en magasin + pas de chroniques = un disque qui n’existe pas.

Peut-être un jour sera-t-il célébré à la hauteur de ses mérites ?, écrivait un chroniqueur. Il semble que l’on tarde un peu à préparer la fête. Sais-tu ce qu’il manque au disque… ou à la presse pour qu’elle s’en empare vraiment ?

​Je ne suis pas le mieux placé pour répondre. Je me suis énormément investi dans ce projet, j’en suis très fier. ​ ​Je suis content des retours car ils sont globalement tous excellents mais j’avoue, en toute modestie, que je lui imaginais un autre accueil, plus « conséquent ». Après, il n’est peut-être pas arrivé jusqu’aux bonnes oreilles, qui sait ?

Les 12 titres du disque ont été mis en images. Tu apparais dans chacun des clips. Comment vis-tu ta présence à l’écran ?

​Étonnamment très bien. Ca aussi, ce fut une super chouette expérience, humaine avec les personnes qui y ont participé, mais aussi personnelle, intérieure. Voir cet enchainement d’images autour des chansons, quand tout a été terminé et que j’ai regardé en arrière, ça m’a sonné, ébranlé. Je ne peux plus imaginer le projet de l’album autrement, ce ne sont pas que des images, ces 12 vidéos font partie intégrante du disque. C’est pour cela que je voudrais aussi défendre le montage des 12 clips en un moyen métrage et aller le présenter à un autre public. ​

Un homme qui marche dans son quartier, dans sa ville… J’ai pensé au livre de Jirō Taniguchi. Est-ce que cela évoque quelque chose pour toi ? D’ailleurs es-tu un être contemplatif ?

​Rien, hélas, je suis devenu médiocre en littérature, je ne lis plus rien depuis pas mal d’années maintenant. C’est une catastrophe, la vie va trop vite et je ne prends pas le temps de m’arrêter, de ralentir (la lecture fait partie de cette démarche). Et pourtant ça me manque, bizarrement. Ça reviendra, c’est sûr, quand je pourrais me poser, prendre du recul, prendre le temps de ne rien faire. Du coup ça répond à ta 2e question, je suis assez peu contemplatif ces temps ci !!!​

Je suis quelqu’un qui ne perd jamais espoir. Il faut regarder devant, même s’il m’arrive comme tout le monde de me laisser un peu happer par le passé par instants. ​

Mine de rien Froids aura 15 ans l’année prochaine. feras-tu de cet anniversaire un événement ?

​Non, rien de prévu. J’ai retrouvé quelques exemplaires sur le net, que j’ai racheté pour pouvoir les proposer aux gens qui viennent à mes concerts. Du coup, j’en ai profité pour le réécouter. Il a vieilli dans sa forme, mais les chansons​ ​(les textes surtout) tiennent encore bien la route.​

Boutade. Comment résistes-tu en 2014 aux charmes de la tristesse et du… (les aficionados compléteront) ?

​« Avec mon espoir comme seul arme » ! Mais ça aussi c’est toujours vrai. Je suis quelqu’un qui ne perd jamais espoir. Il faut regarder devant, même s’il m’arrive comme tout le monde de me laisser un peu happer par le passé par instants. ​ ​Il faut avancer, on n’a qu’une vie, c’est trop bête de la gaspiller, non ?​ En gros, je suis en train de te dire qu’il ne faut pas baisser les bras, tu imagines ?

Tu as composé une belle affiche pour le concert du 26 septembre à la Scène Bourgogne. Peux-tu nous parler de tes affinités avec La féline et Summer ?

La Féline, j’ai découvert cette année avec son single « Adieu l’enfance » et c’est la bande son de mon été. Je l’écoute beaucoup, surtout le 2e titre « Dans le doute » qui est incroyable. J’attends avec impatience l’album qui sort en octobre. Et j’avais envie de rencontrer Agnès, beaucoup m’ont dit le plus grand bien de ses prestations. Donc voilà, c’était aussi simple que ça. Summer, c’est eux qui étaient venus vers moi il y a quelques mois en m’envoyant leur dernier disque. On avait échangé à l’issue de ça, je sais que Jean suit ce que je fais depuis un moment (et j’ai su au travers de sa chronique de mon 28.2.2013 chez Ada que c’est Daniel Darc qui lui a fait découvrir mon projet, fierté !!!) et leur dernier EP m’a mis une grosse claque. Je trouvais que ça collait bien de jouer ensemble et que du coup il était temps qu’on se rencontre enfin pour de vrai !​

Tu sors bientôt un EP intitulé Une deuxième chance. Sera-t-il la Face C de ton brillant opus ?

​Il y a dans ce disque 3 titres issus des sessions de Peut-être un jour, mais ce sont des chansons un peu à part, c’est pour cela qu’elles ne sortent que maintenant. On vient de les mixer en leur donnant un son un peu moins propre que le disque, plus brutes. Il y a aussi un titre inédit que j’ai fait tout seul à la maison à Noël dernier. Ça n’allait pas très fort et jouer autour d’un sample de voix piqué sur une série télé m’a fait beaucoup de bien. Sans aucune prétention de ressembler ou d’égaler le travail de Diabologum, c’est mon « La maman et la putain » à moi !​ ​Et puis je voulais que 28.2.2013 ait une existence physique, donc on a décidé de le mettre sur le EP. Enfin, on y trouve une version live d’un morceau de l’album (la fin de mes nuits). J’adore cette version, c’est la première fois qu’on la jouait en public, on sent qu’elle est près de l’os, on sent la tension palpable. ​

Et ensuite ? Quelle forme prendra ton travail de musicien ?

​Je travaille déjà sur plusieurs choses. D’abord je sais que je veux continuer un projet en français, mais différent, sans doute beaucoup plus basique et brut de décoffrage, je collecte des sons, je change quelques équipement de mon matériel pour essayer d’autres sonorités. Je réfléchis aussi à un projet de groupe, mais rien n’est fait. J’ai aussi quelques reprises sur le feu, un EP de Ex Ex est en préparation et j’ai un dernier truc mais encore top secret, je ne peux pas en parler à ce stade. Si ça se fait, ouh la la, ça va être incroyable…

Sur scène tu es accompagné de Sébastien Gautron. Peux-tu nous livrer deux ou trois choses de ce garçon affable et fort discret ?

​On se connait depuis 1992 avec Sébastien, même si on a commencé à se voir plus régulièrement en 2001. On est d’abord amis dans la vraie vie et puis on joue aussi ensemble depuis 2002, dans laudanum d’abord mais aussi pour mes disques en français depuis 2005 je crois. Je ne suis pas sûr qu’il voudrait que j’en dise beaucoup plus car il fait en sorte d’être peu présent sur internet (il n’est par exemple sur aucun des réseaux sociaux) mais s’il sait se montrer discret, c’est aussi un ami sur lequel on peut compter en toute circonstance, bonne ou mauvaise. Ce sont les plus rares.

Dans ton selectorama Magic tu ne cites pas de fille. Il y en a bien une ou dans ton panthéon musical ?

​Ah marrant ça, je n’y avais pas fait attention. Mais, oui clairement je pense qu’il y a beaucoup moins de filles que de mecs dans​ ​ma discothèque. Mais il y a des voix, des projets importants. Le selectorama citait le Velvet Underground : je suis vraiment un adorateur de Nico. J’aime beaucoup les débuts de Pj Harvey (moins maintenant), je suis un fervent admirateur de Kim Gordon, de Kim Deal, le 1er disque de Liz Phair est un disque qui compte beaucoup pour moi et qui me fait pleurer à chaque fois. Je suis un fou raide dingue du premier album d’Elastica. Voilà, je peux te faire une belle liste pour la prochaine fois :)​

Imaginons que tes enfants ont 13 ans aujourd’hui et que tu les accompagnes à leur premier concert. Qui allez-vous voir ?

Fauve, sans doute. Stromae, très certainement. Après je les forcerai peut-être à m’accompagner en novembre voir les Jesus & Mary Chain qui rejouent Psychocandy. Qui sait si ça pourrait pas leur plaire ?​

Matthieu Malon sera en concert le 26 septembre à la Scène Bourgogne (Orléans, 20h) et le 20 novembre au Festival De Travers avec Bertrand Belin.


Le site de Matthieu Malon.

 

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